Les gestes d’amour de mes adorables amis, Belén et Kata, et de toute l’équipe sensationnelle des Mucci’is, de la rue Tallers et Bon Succès de Barcelone, qui ponctuellement, chaque nuit, me donnent les pizzas un peu brûlées ou les biscuits cassés qu’ils ne peuvent pas vendre aux clients. Ils prennent la peine de les remettre au four pour que les gens les reçoivent encore chauds !
Ces gestes d’amour, je les ai faits, parfois toute seule mais aussi avec l’aide et la bonne volonté de nombreuses personnes qui ont voulu étendre un petit peu ce maillon de La Chaîne du Coeur Stéllaire, poussées par la bonté et la fraternité.
Stéllaire ©2010
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L’Entraide
Je fais partie de l’association Stéllaire depuis cinq ans. Ecole de formation, “école de vie à but humanitaire” comme l’appelle Maam-Mara.
Il y a quelque temps, Maam-Mara, a pris l’initiative de créer une chaîne d’échange et d’entraide pour ceux qui sont en difficulté. C’est ainsi qu’est née “La Chaîne du Coeur Stéllaire”.
Avoir un fort mal de tête ou même de la fièvre, une rage de dent, avoir attrapé un méchant rhume à force de dormir dans l’humidité, sur ce sol dur, sur des cartons si inconfortables. Ne dormir que d’un œil, tant l’insécurité et la promiscuité sont grandes dans les endroits où les SDF s’entassent pour la nuit. Sentir, le matin au réveil, votre corps aussi douloureux que si l’on vous avait battu.
Se sentir délaissé et profondément seul. Personne à qui ouvrir son cœur, lorsqu’on se sent un peu triste ou nostalgique. Ne pas pouvoir expliquer à quelqu’un ces petites choses ordinaires de la vie quotidienne qui vous font vous sentir « comme tout le monde ». Avoir pu se raser, avoir pu prendre une douche bien chaude et se sentir propre ce jour-là, avoir pu se changer, avoir enfilé des vêtements propres (même s’ils sont de 2ème ou de 4ème main!) avoir pu se faire couper les cheveux, avoir joué au bingo ou regardé un film (parfois pas très intéressant) dans un des centres sociaux privés qui accueillent “les SDF” certains soirs.
L’Entraide
Entrer dans un bistrot et récupérer les frites ou les restes des menus que les gens n’ont pas mangé pour pouvoir faire, vous aussi, un petit repas.
Traîner partout avec votre chariot métallique, malgré la fatigue, tout en essayant trouver de la ferraille ou des cartons dans les poubelles, ou n’importe où, pour pouvoir gagner quelques euros. Chaque jour les “pilleurs de poubelles” sont plus nombreux et la concurrence augmente.
Petits Gestes d’Amour
Prendre conscience de la valeur et du prix des choses quand vous êtes obligé de quémander, assis pendant des heures dans le métro ou à côté d’un grand magasin, avec votre gobelet en plastique ou votre petite boîte en carton, supportant la hâte, les visages fermés et l’indifférence des passants pour pouvoir gagner votre maigre «salaire», du moins momentanément.
Toujours poussée par mon désir profond et tenace de vouloir tendre une main amie pour venir en aide à ceux qui en ont le plus besoin, comme j’ai vu Maam-Mara le faire. En Espagne, petit à petit, la Chaîne du Coeur Stéllaire a pris vie !
Ceux qui n’ont pas fait l’expérience d’être obligé de vivre dans la rue, et qui peut-être ne la feront jamais, ne peuvent pas s’imaginer comme ces petits gestes d’amour sont bien reçus !
Vivre dans la rue est dur ! Les heures paraissent interminables ! Ne pas savoir quoi faire ni où aller, être entouré de « copains et copines » qui passent leur temps à boire et à se droguer pour ensuite se disputer et se battre.
Passer les heures à faire le tour des « halls de banque” car celui où vous allez d’habitude est fermé soit parce que aujourd’hui c’est la « Barça » (équipe de foot de Barcelone) qui joue et on craint le vandalisme, soit parce que le directeur de la caisse d’épargne ou de la banque ou même la police ont simplement eu envie de les fermer.
Le geste d’amour de mon ami Kevin, l’irlandais, qui m’a offert un vélo blanc pour distribuer de la nourriture aux SDF afin que je puisse aller plus vite, plus loin et atteindre davantage de personnes.
Devoir ramasser les mégots pour fabriquer une nouvelle cigarette avec tous les mégots réunis, comme à l’époque de nos grands-parents, à l’époque du marché noir pendant la guerre.
C’est là, dans ces circonstances, que nos petits gestes d’amour mettent du baume au cœur et réchauffent la vie de tous.
septembre 2012
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